Comme l’atteste l’acte de propriété ci-contre datant de 1746, cultiver la vigne est dans notre famille une longue tradition. C’est à peine si elle a été interrompue par la participation d’un de nos ancêtres à la campagne napoléonienne de Russie. Nous gérons aujourd’hui un patrimoine de vignobles peu à peu agrandi au fil de neuf générations auquel chacune a apporté son expérience.
Le nom de notre marque actuelle : Forest-Marié est en soi tout un symbole. Il illustre l’union de deux familles : l’une de Trigny dont est originaire Thierry ; l’autre d’Ecueil où est née Gracianne son épouse. Avec leurs enfants Louis et Marthe, ils s’attachent à parfaire les soins apportés à chaque pied de vigne, en fonction des particularités de chaque lieu-dit.
Le Mont des Chrétiens, les Blanches Vignes, Les Rosets, Les Chaufours, Coulmiers... impossible de citer les noms des 86 parcelles qui constituent notre vignoble. Elles se répartissent entre plusieurs villages Ecueil, Sacy, Villedommange classés premier cru, et bien sûr Trigny où se trouvent notre pressoir et nos caves. Chacune est unique, par son sol, plus ou moins crayeux, argilo calcaire ou silicieux, son vallonnement, son ensoleillement. Chacune accueille le cépage le mieux adapté à sa spécificité : Chardonnay, Pinot noir ou Pinot meunier. De son exposition, de sa typicité dépendra également le choix délicat du moment le plus juste pour sa vendange. Une décision que Thierry et Gracianne ne laissent à personne d’autre. Un des avantages parmi d’autres du statut de vignerons indépendants.
Pour surveiller l’éclosion des premiers bourgeons sur les sarments, leur réaction aux gelées parfois tardives, la fragilité des fleurs, ou la lente maturation des grappes, ni Thierry, ni Louis ne comptent leur temps passé dans les galipes, le nom des rangs de vignes en Champagne. A toute heure du jour, qu’il gèle ou que le soleil éblouisse la craie des chemins, ils observent et réagissent aux fantaisies du ciel : averses parfois bienvenues ou orages dévastateurs. Ce faisant, ils comparent le comportement de la végétation à celui des années précédentes, tirant parti des enseignements engrangés par les générations d’avant. De la qualité des raisins, de leur degré de maturité dépendront en effet la franchise et l’équilibre des futurs moûts.
Chaque parcelle est unique. On serait tenté de dire : chaque pied de vigne l’est aussi. Qu’il s’agisse de son cépage, de son emplacement, de son âge. De ceux-là dépendront entre autres les opérations de taille minutieusement effectuées à la main, l’épaisseur du paillage mis en place entre les rangs : une méthode atypique en Champagne que nous pratiquons depuis 35 ans et une illustration du respect que nous portons à la terre. A raison, nous estimons en effet que c’est là le plus naturel des engrais. Il encourage la biodiversité indispensable au bon équilibre du sol et permet de retenir l’eau, contrant ainsi le ravinage. De cette attention, nos vignes nous en sont reconnaissantes : leur moyenne d’âge est d’une quarantaine d’années. La plus vénérable, celle des « Chaillots » fut plantée en 1930.
La variété de nos terroirs fait la richesse de nos vins. Quand vient le temps des vendanges, les grappes de chaque parcelle sont cueillies à la main et pressées séparément : d’où une traçabilité parfaite permettant de jouer avec les différences de maturité et de composer ensuite avec les jus obtenus les assemblages les plus savants : Gourmandise des pinots meuniers, saveur fruitée des chardonnays, robustesse et vinosité des pinots noirs. Opulence des arômes qui nous sont confiés par la nature pour qu’ils se révèlent ensuite progressivement.